PRODUITS LOCAUX VS IMPORTES DE RUSSIE
QUEL AVENIR POUR NOS INDUSTRIES NAISSANTES FACE AUX IMPORTATIONS DE MASSE PROVENANT DE LA RUSSIE ?
L’engrais russe viendra et en quantité suffisante pour que le Mali soit à l’abri des ruptures en plain hivernage comme nous l’avions constaté ces dernières années. Cependant, cette initiative, bien que salutaire, aura des conséquences sur les différents producteurs et importateurs dont les entreprises sont non seulement pourvoyeuses d’emploi mais aussi de recettes fiscales et alimentent une énorme chaine économique en raison des divers équipements et infrastructures qu’elles font fonctionner dans le cadre de leur activité.
Un commerçant détaillant d’intrants agricoles de la place que nous avons approché se dit ravis de l’initiative de l’Etat qui, selon lui, pourrait permettre de baisser les prix et garantir la disponibilité des engrais à toutes les périodes. Toutefois, l’homme se dit également inquiet car, ajout-il : « pour avoir longtemps été le collaborateur direct des grands opérateurs du domaine des intrants, il se pourrait que cette situation affaiblisse les activités des usines locales de fabrication d’engrais tout comme les volumes des importateurs et cela n’est pas sans conséquence sur les emplois. Je crains surtout, affirme-t-il, que cette tension n’aboutisse à des licenciements, pour cause économique, de plusieurs employés ».
Un économiste, enseignant et spécialiste des questions de développement industriel, interrogé par LPD TV, a également fait cas de cette inquiétude portée par le commerçant. Néanmoins, le professeur indique que l’Etat pourrait minimiser les effets néfastes de cette importation de masse en impliquant les operateurs locaux à l’exploitation de la chaine de transport, de conditionnement et même de distribution des engrais qui arriveront de la Russie.
Cette analyse pour les intrants est valable pour les céréales. En fait, dans ce secteur également, le Mali recevra de milliers de tonnes de blé russe et cela pose déjà des questionnements sur l’avenir des opérateurs locaux agissant dans le domaine. Idem pour le carburant et bien d’autres produits que le Mali a décidé de faire venir de Moscou.
En réalité, de profondes réflexions doivent être engagées par l’Etat afin que la redynamisation de la coopération économique avec la fédération de la RUSSIE soit un facteur de redynamisation du tissu économique local (operateurs et industries) et cela est bien possible à travers la mise en œuvre d’un mécanisme de ravitaillement du pays, concerté entre Etat et operateurs puis limité dans le temps.
A. DIONGO