L’Organisation internationale de la francophonie (OIF) a annoncé le 24 septembre la levée de la suspension de la Guinée, lui permettant de participer au 19e sommet de l’organisation début octobre en France. Cette décision contraste avec le maintien des sanctions contre le Mali, le Burkina Faso et le Niger, membres de l’Alliance des États du Sahel (AES). Ce traitement différencié soulève des questions sur les critères appliqués par l’OIF dans ses relations avec les pays ayant connu des changements de pouvoir non constitutionnels.
La Guinée avait été suspendue de l’OIF suite aux événements de septembre 2021 qui avaient conduit à un changement de régime. Le Conseil permanent de la francophonie (CPF) justifie la levée de cette sanction par une volonté d’exprimer sa solidarité avec le pays, tout en soulignant la nécessité pour la Guinée de poursuivre ses efforts en matière de droits et de libertés. Cependant, cette décision intervient dans un contexte où la transition démocratique en Guinée semble incertaine.
Des transitions politiques en question
Récemment, des déclarations officielles en Guinée ont évoqué la possibilité d’une candidature du général Mamadi Doumbouya à la prochaine élection présidentielle. Cette perspective va à l’encontre de la charte de transition établie après le changement de pouvoir, qui interdisait aux dirigeants actuels de se présenter aux élections nationales et locales. L’évocation d’une nouvelle Constitution pour modifier cette règle soulève des doutes quant à l’engagement réel du régime envers un retour à l’ordre constitutionnel.
Cette situation présente des similitudes avec les développements observés dans les pays de l’AES, qui restent suspendus des instances de la francophonie. Au Mali, au Burkina Faso et au Niger, les autorités en place ont également reporté les échéances électorales et modifié les cadres constitutionnels, justifiant le maintien des sanctions de l’OIF à leur encontre.
Un débat sur la cohérence des décisions de l’OIF
La différence de traitement entre la Guinée et les pays de l’AES pourrait susciter des incompréhensions au sein des populations concernées. Les critères utilisés par l’OIF pour évaluer les progrès démocratiques et décider de la levée ou du maintien des sanctions apparaissent peu transparents. Cette situation alimente le débat sur la cohérence et l’impartialité des décisions de l’organisation.
L’OIF, qui compte 88 États et gouvernements membres, se trouve confrontée à un dilemme entre son rôle de promoteur de la langue française et sa mission de défense de la démocratie et des droits de l’homme. La décision concernant la Guinée illustre la difficulté de concilier ces objectifs dans un contexte politique complexe.
Perspectives pour la francophonie en Afrique
L’avenir de la francophonie en Afrique représente un enjeu majeur pour l’OIF. Les projections démographiques prévoient une forte augmentation du nombre de locuteurs français sur le continent, passant de 321 millions actuellement à 715 millions d’ici 2050. Cependant, l’instabilité politique dans certains pays membres et les tensions avec d’anciens partenaires comme la France compliquent la situation.
La gestion des relations avec les pays ayant connu des changements de pouvoir non constitutionnels demeure un défi pour l’OIF. La décision concernant la Guinée et l’AES met en lumière la complexité de cette situation. L’organisation doit équilibrer ses différents objectifs tout en maintenant sa crédibilité auprès des populations et des gouvernements des pays membres.
La réintégration de la Guinée au sein de l’OIF, contrastant avec le maintien des sanctions contre l’AES, reflète les défis auxquels l’organisation est confrontée dans sa politique africaine. Cette décision, qui pourrait être perçue comme incohérente par certains observateurs, souligne la nécessité pour l’OIF de clarifier ses critères d’évaluation et de décision concernant les pays membres en situation de transition politique.
Source : afrikinfos-mali.com